Némésis ; La Grande Fortune (autre titre)

Némésis ; La Grande Fortune (autre titre)

Dürer Albrecht En savoir plus

• NomDürer
• PrénomAlbrecht
• Date de naissance1471
• Lieu de naissanceNuremberg
• Date de décès1528
• Lieu de décèsNuremberg

Création

1501 : ?

; 1502 : ?

Dürer intitula lui-même cette gravure Némésis dans le journal de son voyage aux Pays-Bas : l’estampe, dédiée à la déesse grecque de la juste colère des dieux et de leur châtiment, est une des plus connues et des plus virtuoses du maître. Panofsky a mis au jour les sources de son iconographie : d’une part la poésie latine d’Ange Politien Manto, dédiée en 1482 à Laurent le Magnifique et imprimée par Alde Manuce à Venise en 1498, que Dürer a pu connaître grâce à ses amis humanistes Celtis ou Pirckheimer, et de l’autre le Manuel d’Histoire romaine de Pompinius Laetus, qui circulait à Nuremberg autour de 1500. C’est d’ailleurs de là que Dürer tira l’idée d’une Némésis à l’antique, ailée car victorieuse (« victrix »). Elle se dresse sur une sphère flottant au milieu des cieux – à moins que ce ne soit le vide – et tient d’une main le symbole de la récompense, un gobelet orfévré, et de l’autre celui du châtiment, des brides. La nudité corpulente de la déesse, au réalisme plastique non idéalisé, ne doit pas cacher l’essentiel. Son étude fut minutieuse, menée grâce au dessin (Londres, The British Museum, SL,5218.114) : c’est une des premières gravures, construites au compas et à la règle, où Dürer s’inspira de Vitruve, mais aussi de Jacopo de’ Barbari, calculant les rapports de proportions de la tête et du corps. Les plis du drap froissé, formant des volutes soulevées par le vent, répondent aux nuées qui s’écartent et aux montagnes placées en contrebas, dans l’ombre : l’ensemble forme un encadrement tout en courbes autour d’une lueur implacable, ménagée par la réserve du papier, sur laquelle se détache une Némésis imposante, presque lourde. Le travail des détails, comme le rendu de la texture des plumes des ailes, n’entre pas ici en contradiction avec le déploiement d’un superbe panorama vu à vol d’oiseau, à la manière de la Vue de Venise de Barbari (cat. 25). Il évoque le village de Chiusa dans la vallée d’Isarco, localité du Sud-Tyrol que Dürer put traverser en allant à Venise ou en en revenant, un motif qu’il utilisa déjà dans son Apocalypse. Le spectateur peut lui aussi y suivre les cours d’eau et les chemins sinueux et emboîter le pas
à la déesse ailée sur la route du transfert de la Renaissance, de l’Italie vers l’Allemagne.
Mathieu Deldicque.

Papier

; Burin

; Eau-forte

Hauteur en cm : 32.5

; Largeur en cm : 23

Monogramme

; monogramme en bas à droite

Némésis

; Coupe

; Globe terrestre

Th. Miller Whitehead (1821-1897 ?) (L. 2449 au verso) ; Orléans Henri d' ; Aumale duc d'

1886 Donation sous réserve d'usufruit Henri d'Orléans duc d'Aumale

propriété privée personne morale ; donation sous réserve d'usufruit ; Chantilly ; musée Condé ; interdiction de prêt et de dépôt

- Adam von Bartsch, "Le Peintre-Graveur", vol. I-XXI, Vienne, 1803-1821, "A.Dürer", vol. VII, 1808, n° 77

- Sophie Renouard de Bussierre, exp. Paris, musée du Petit Palais, 1996, "Albrecht Dürer, oeuvre gravé", n° 154 p. 98

Albrecht Dürer et la gravure allemande, Chantilly En savoir plus

• Titre cléAlbrecht Dürer et la gravure allemande, Chantilly
• DescriptionAlbrecht Dürer (1471-1528) et la gravure allemande.
  Musée Condé, Chantilly.
  24 septembre 2003 - 5 janvier 2004.

Estampe

EST 259